Pour un art poétique

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pour un art poétique - Raymond Queneau Prenez un mot prenez en deux faites les cuir' comme des oeufs prenez un petit bout de sens puis un grand morceau d'innocence faites chauffer à petit feu au petit feu de la technique versez la sauce énigmatique saupoudrez de quelques étoiles poivrez et mettez les voiles Où voulez vous donc en venir ? A écrire Vraiment ? A écrire ?
Raymond Queneau
in Le chien à la mandoline

Initialement publié en illustration – désabusée ? – d’un cours sur l’analyse automatique de données textuelles, dispensé de 2000 à 2002, dans le cadre d’un DESS d’Ingénérie du Retour d’Expérience

zone de turbulences

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zone de turbulences
les démons hantent
le chaos vente
pas de sens

parler est un naufrage social
qui peut entendre ces histoires ?
se taire est un effondrement intérieur
comment sortir de ces non-histoires ?

il fait tellement froid dans ces abîmes
et il n’y a pas de choix
il faut y aller seule

est-ce que je serai encore en vie
le jour où ce sera fini ?

je
dis
oui

La cour

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vendredi soir, 23h30
l’heure où s’expriment
les hommes libres !
boucan de machine outil
la techno est à fond
toute la cour en profite

les bobos, les bobos, les bobos sont arrivéééés

samedi matin, 10h tapante
l’heure où s’activent
les femmes libérées !
boucan de meubles déplacés
l’aspirateur est à fond
toute la cour en profite

les bobos, les bobos, les bobos sont arrivéééés

dimanche matin, à l’heure grasse mat’
Madame Armelle
ne parle plus à son chat
avec la nouvelle voisine
Madame Armelle parle de son chat
toute la cour en profite

les bobos, les bobos, les bobos sont arrivéééés

dimanche soir, à l’heure du blues
les forfaits sont illimités
mais comme y’a pas d’réseau
– t’es où ? … – ben chuis chez moi …
– kes tu dis ?

toute la cour en profite

les bobos, les bobos, les bobos sont arrivéééés

ahh! mes p’tits week-end tranquilles !
qu’est-ce qu’ils ont fait de vous !
ces bobos,
ces bobos qui sont arrivés
à Belleville !

à moins que …

si la cour résonne
c’est de ton silence
et si je ronchonne
c’est de ton absence

dimanche soir, à l’heure du blues
mon forfait n’est pas illimité
mais c’est pas d’raison
– t’es où ? … – moi, chuis chez moi, tu sais …
et toi, t’es où ?
oui, doucement, la cour résonne

Lundi matin, l’heure d’aller bosser
mais ton corps si près
et ta peau si douce
et nos mains qui se cherchent
et nos lèvres qui se trouvent …

oui !oui, doucement, la cour résonne